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Travailleuses chez People and Baby,

emblématiques de la lutte contre le patriarcat

vendredi 10 mars 2023, par cnt66

Travailleuses chez People and Baby, emblématiques de la lutte contre le patriarcat

Aujourd’hui 8 mars, journée internationale de défense des droits des femmes, 5 professionnelles de la petite enfance vont enfin être entendues en Cour de cassation.
Leur cas est emblématique de la lutte que les femmes doivent mener pour défendre leurs droits dans une société capitaliste et patriarcale. Le patronat accepte encore moins une lutte syndicale si elle est féminine.

En 2009, Assia, Cindy, Marion, Sophie et Virginie ont créé une section syndicale CNT pour dénoncer les conséquences directes de la reprise en gestion de la crèche associative qui les employait par People & Baby (délégation de service public). Elles voulaient dénoncer la politique managériale de l’entreprise qui impactait à la fois les projets pédagogiques et la qualité de l’accueil des jeunes enfants. La réponse de la direction fut cinglante pour se débarrasser des syndicalistes au lendemain d’une journée de grève : mises à pied puis licenciements.

En 2017, le tribunal des prud’hommes annulent ces licenciements et l’entreprise est alors condamnée pour discrimination syndicale.

Pour autant, la justice de classe en a décidé autrement : la cour d’appel, ignorant les éléments à charge contre People and Baby, a annulé le jugement des prud’hommes en juillet 2021. Elle s’est alignée du côté patronal et a demandé le remboursement immédiat des indemnités obtenues aux prud’hommes, s’élevant à 145 000 euros. Pourquoi ? Pour avoir énoncé les pratiques managériales désastreuses de People and Baby ? Pour être des femmes qui ont relevé la tête en se solidarisant face à leur patron ? Pour avoir privilégié l’intérêt de l’enfant à celui du patron et défendu leur éthique professionnelle ?

Après la décision choquante de la cour d’appel, elles n’ont rien lâché, elles ont porté leur affaire en cassation. Grace à la ténacité de deux avocates, la cour de cassation va enfin les entendre le 8 mars, date symbolique.

Le traitement de ces femmes par People & Baby est symptomatique d’une oppression de classe et d’une oppression de genre. Oppression de la part du patron, destruction de leurs conditions de travail pour de meilleurs rendements, acharnement contre des syndicalistes pour éviter toute rébellion et cultiver par la peur une loi du silence insupportable et inadmissible. Mais encore, cette oppression est d’autant plus acharnée que ces syndicalistes sont des femmes, « par essence » plus corvéables.

Mépriser ces femmes, c’est aussi mépriser le rôle essentiel des professionnelles de la petite enfance dans le développement psychique, moteur, éducatif et social des enfants. C’est en même temps mépriser les enfants dont elles s’occupent ! Depuis 2009, elles ont lancé l’alerte et démontré à de nombreuses reprises que l’intérêt du jeune enfant ne doit pas être dans les mains des entreprises privées qui maltraitent et méprisent leurs personnels, avec des conséquences indéniables sur les conditions d’accueil des jeunes enfants. Depuis 14 ans, régulièrement, l’entreprise People & Baby fait parler d’elle dans les médias et pourtant elle continue d’exercer en toute impunité ! Aujourd’hui ça serait des travailleuses femmes qui avaient lancé l’alerte qui devraient être condamnées et non People & Baby ?

Non !

La CNT appelle à soutenir Assia, Cindy, Marion, Sophie et Virginie dans leur combat, en participant notamment à la caisse de soutien : https://www.cotizup.com/cnt